Ce billet j’aurais pu l’appeler l’amour dure 3 ans, en tout cas c’était mon premier choix. Et finalement j’ai décidé de vous parler d’un petit bout de moi, d’un petit bout d’elle.
Ceux qui nous suivent depuis 4 ans auront suivi la folle aventure qu’a provoqué notre petite princesse imprévue dans nos vies. Une grossesse surprise qui finalement est devenue une vraie bénédiction. C’est simple : je pensais ne jamais avoir de fille, c’était un parti pris : je n’aurais jamais tenté le quatrième au cas où, trop risqué, trop de fatigue.
Et puis elle a déboulé, et depuis on ne se quitte plus.
Certains pensent qu’il y a une préférence, sûrement causée par le fait qu’elle ne va pas encore à l’école et que donc : elle passe beaucoup de temps avec moi. Comme c’était le cas pour ses frères avant elle.
Ce que je ne vous ai jamais raconté c’est notre lien, car c’est un fait : il y a une sacrée fusion entre nous.
Depuis le jour où j’ai su que j’aurais une fille, une partie de moi s’est illuminée malgré la fatigue de ces 4 grossesses cumulées. J’ai plusieurs théories sur le fait d’avoir eu l’impression de combler une existence disparue grâce à elle. Mais c’est un fait : ma fille m’a réparé.
Pendant ma grossesse dont je garde des souvenirs très joyeux s’est déroulé un drame, puis on m’a effrayé avec une suspicion de trisomie, puis une naissance qui s’est révélée compliquée. 3 jours d’une séparation bien trop longue qui m’a fait ressentir un rejet, comme face à un enfant volé dont on veut faire le deuil. La césarienne m’avait paralysée et je n’ai vu ma fille ( qui était en néo-natalité) que 15 petites minutes en 3 jours. Impossible de me l’approprier, je n’avais que 3 photos pour me prouver qu’elle existait bien, que je n’avais pas rêvé. Je refoulais une jalousie envers mon mari qui pouvait la choyer et qui, naïvement, n’imaginait pas que cela me blessait profondément… Je finissais par me détacher de cette image du bébé tant attendu pour ne pas souffrir, comme une résilience (je suis particulièrement forte pour cela !). J’étais prête à rentrer chez moi, sans elle…
Je ne pense plus à tout ça, au sentiment que j’ai ressenti pour elle. Au manque d’attachement que j’avais lorsque l’on me l’a finalement « rendu ». A la colère immense envers un personnel surchargé qui n’entendait pas ma souffrance jusqu’à ce qu’un médecin sonne l’alerte. Tout le contraire de l’explosion d’amour que j’avais tissé avec ses frères dès le premier regard. La vie nous avait volé notre rencontre.
J’ai mis plusieurs jours à m’approprier mon bébé, il fallait de nouveau lancer un processus d’attachement après que mon esprit ait débuté une sorte de deuil étrange. Et puis un jour, en touchant sa petite cicatrice, juste sur son coeur : j’ai fondu en larme. Je n’ai pas vu sa naissance, je n’ai jamais entendu son premier cri, je ne lui ai pas donné son premier bain ni son premier biberon. Je n’ai rien vu d’elle lors de ses 3 premiers jours.
Le seul souvenir que nous avons, c’est cette cicatrice en commun. Le même geste brusque provoqué par l’urgence. Le même geste qui m’a abimé le bas du ventre et qui lui a laissé le souvenir de sa naissance sur sa poitrine. Comme un tatouage commun, témoin d’un épisode marquant pour nous deux.
Tous les matins je vois cette drôle de petite fille débarquer sous la couette avec un sourire sans fin. Tous les matins je ressens cette gratitude de l’avoir auprès de moi et de l’attachement qu’elle nous porte. Et puis parfois je regarde cette cicatrice qu’elle gardera à vie et qui me rend encore plus reconnaissante de l’avoir auprès de moi. Le seul souvenir qu’il nous reste de nos 3 premiers jours c’est cette marque que nous avons en commun.
Merci pour ces 3 ans de bonheur mon amour. On peut vraiment dire que l’on s’est bien rattrapées !
15 comments
Comme votre message est si beau .. il me touche particulièrement car j’ai vecue une chose similaire . Un accouchement qui a faillit finir en drame mon petit garcon ne respirait pas donc ils l’ont prit sans me laisser le voir et apres jai fais une hémorragie donc jai ete mis sous calmant car pas de peridurale et le risque hemmoragique tres compliqué chez moi qui a une maladie de sang!
Bref il m’ont annoncé apres mon hémorragie qu’il avait un dounle pouce donc grosse crise de larme pour moi et je ne l’ai vue que 8h apres et impossible de le porter, de lui faire des soins ou des bib car je suis trop faible jai mis 48h a me reaproprié cet accouchement a me dire que cet enfant couché dans sa boite de plastique etait le miens . Il ma fallut un declic est depuis on sest bien rattraper aussi et jai eu une petite fille surprise qui pour qui tout a ete parfait
Ton témoignage me fait écho à moi aussi…. ma puce née à 6 mois et demi par césarienne aussi…. j ai toujours ce sentiment de ne pas être devenue mère à l accouchement. .. le médecin M a dit « vous êtes en train d avoir une petite fille »… mais comment le réaliser quand on ne me la montre pas, elle file en réa et moi en salle de réveil. Personne ne me donne de nouvelles. Je ne sais pas où elle est, si elle va bien. J ai accouché à 16h 13. Je ne l ai vu qu a 22h15. Et je ne l ai porté que 3 jours après. … allaitée au tire lait pendant 2 mois…. on M a volé à moi aussi cette rencontre, cette sensation de devenir mère et de l être tout simplement… c était il y a 3 ans et demi et je le regrette encore même si tout est bien différent maintenant!
Belle suite de complicité à vous 6!
Magnifique texte qui raisonne aussi en moi.
Pour la naissance de ma première fille…
Césarienne en urgence. Une dame en bleu me vole mon bébé…. je pleure. J’ai envie de hurler. J’ai même remis en question le fait d’etre sa mère, car non, ce n’etait pas moi qui lui avait donné vie, ce n’etait pas moi qui l’avais sorti de moi….
et puis les jours…. les semaines…. l’amour m’a permis de me rendre compte que si, c’etait bien moi sa mère !!!
Merci pour ces lignes,
Merci,
Anne-Laure
Quel jolie souvenirs tu lui fais que de mettre des mots sur tes maux.
très emouvant ! vous pouvez etre fiere de vous et de votre fille <3
Article très émouvant qui m’a fait pleurer ! Bravo . Vous êtes trop belles et vous « puez » la complicité !
Magnifique texte. Et que d’amour. .. comme ça dès le matin ça chamboule. En vous souhaite encore d’innombrables années de bonheur et d’amour mère fille.
Magnifique et emouvante delcaration d’amour a ta petite fille… c’est tres emouvant <3
Magnifique hommage à ta fille… J’ai vécu la même séparation que toi en moins longue mais tes mots me parlent particulièrement… J’ai eu énormément de mal à faire le lien entre mon ventre rond, ce bébé idéalisé, et le petit garçon que l’on m’a apporté dans ma chambre 2 jours plus tard… Je suis ravie de lire que tout se termine bien et que le lien s’est fait…
Virginie
Mon fils et moi avons également été séparés à sa naissance. Il respirait mal. Il a fallu le réanimer. Heureusement, au bout de 3 heures, le pédiatre me l’a rendu. Il avait vite récupéré. Je pense (j’espère ne pas me tromper) qu’une naissance difficile n’influe pas vraiment sur la suite de la relation.
Belle déclaration à ta fille.
Ton texte est vraiment magnifique et remplit d’émotion ! Merci beaucoup de l’avoir partagé avec nous
Bonjour, j’ai lu votre témoignage et je me suis reconnue. J’ai été séparée de ma fille lors de mon 1er accouchement (long et difficile) mon Bebe était trop engagé pour une césarienne donc les sages femmes ont dû appuyer très fort sur mon ventre pour pouvoir l’aider à naitre ! Résultat ma fille n’allait pas bien … mais le pire c’est qu’on me l’a emmener dans un pièce à côté sans rien dire en me laissant seule avec le papa… c’esr Eu bout de longues minutes qu’une puéricultrice est venue nous expliquer que notre bébé devait être transféré en néonatalogie dans un autre hôpital. Juste le temps de l’avoir 1 mn sur le ventre, lui faire un bisou avant qu’il me l’arrache !!! Quel douleur ! Il fallait ensuite affronter les visites et sourire et répondre aux questions de la famille… cela a été très dure ! Je l’ai finalement récupérée après 3 jours. Nous avons toujours eu un lien très fort et elle a aujourd’hui 16 ans. Elle est très sensible et je pense qu’elle garde aussi en elle la blessure de cette séparation. J’ai eu également un bébé surprise, un quatrième, une petite fille qui a maintenant 5 ans (mes autres enfants ont une fille de 13 ans et un fils de 9 ans). Savourez ensemble chaque minute de bonheur.
[…] Ce billet est également publié sur le blog Zozomum et cie. […]
« la vie nous avait volé notre rencontre »
Tes mots sont si justes !
je comprend un peu ce que tu as vecu, meme si moi j’ai pu voir ma fille des le lendemain, mais ce detachement que j’ai eu de peur de trop l’aimer et que ce soit trop dur si elle partait, moi s’est deux cicatrices qu’a ma fille une devant une derriere, mais elle est tellement bien maintenant, tellement pleine de vie 10 ans après elle va meme pouvoir faire de l’aikido impensable avant. nos enfants sont des forces de la nature.