Et puis un jour je suis sortie de là

Qui suis-je pour cracher dans la soupe ? Qui suis-je pour juger les personnes qui m’ont mise au monde et qui m’aiment (encore) ? Ce billet d’humeur sera sûrement bourré de maladresse, de sentiment d’illégitimité et de manque d’assurance.

Parce qu’après 2 ans et demi, les doutes sont encore là et qu’il y a beaucoup de chemin à faire avant de reconstruire 25 premières années d’une vie.

Paraît-il qu’un être se forme les 7/8 premières années de sa vie. Son contexte familial et émotionnel définit qui il sera plus tard.

Qui est-on quand on a grandit dans une communauté religieuse qui a dicté qui nous devions être, dans les moindres détails, même les plus intimes ? Comment arrive-t-on à redresser la barre, à discerner le vrai du faux quand tout est dicté, jugé, menacé (avec une tendre violence). Comment fait-on pour prendre confiance en ses choix quand tout a été minutieusement calibré, pensé, défini et imposé ?

Voilà c’est dit, le plus gros poids que je porte depuis 2 ans et demi et que j’essaie de vous hurler en silence… j’ai grandit dans ce que vous appelez (peut-être) une secte. 

Moi c’était mon tout, ma famille.

Et un jour j’ai dit STOP

Je ne sais pas encore si j’aurais le courage de cliquer sur publier, rien que cette idée me donne la nausée. 

Mais ce week-end un élément déclencheur m’a sûrement donné le courage. Je crois que j’ai enfin réussi à faire mon deuil. Oui deuil. 

J’ai compris qu’il était temps de partir le jour où j’ai compris que tout n’était que chantage affectif. Que tout mes choix n’étaient guidés que par une épée de Damoclès qui me sifflait « bouge le petit doigt et tu perds tout ».

Mais qu’est-ce « tout » quand tout est en sursis ? 

On m’a élevé ainsi, j’étais prête à tout moment à tout abandonner. Conditionnée à oublier un membre de famille, un ami, un amour. Tout est « zappable », jusqu’au jour où j’étais assez forte/conditionnée pour ne plus avoir peur. Je pouvais tout perdre… la formation avait (trop ?) fonctionné. Tout n’est dédié qu’à l’amour d’un Dieu… « le reste on verra plus tard« .

Alors j’ai tout perdu, pour être libre. Un gros saut dans le vide, un deuil XXL qui vous fait perdre parents, fratrie et amis d’enfance. Tout sauf un, qui a commencé à me montrer le chemin.

TOUT

Tout sauf mes enfants et mon travail.

Le reste n’est que résilience et amour de liberté.

J’ai tout perdu pour tout gagner. Je crois.

C’est les mois passant que les dégâts se font sentir. L’instabilité émotionnelle, le manque de confiance, le manque de racines. Les cauchemars chaque nuit et la rage silencieuse d’une injustice.

Ne me demandez pas si je crois encore en quelque chose, pour quel parti politique voter, que faire pour notre planète : tout est à revoir. Tout est à réapprendre. 

« Assume »

Je me le suis balancé à la figure avant même qu’ils aient eu le temps de le faire. Je me suis rouée de coups pour que les leurs ne me fassent pas (moins) mal.

Ma vie a commencé il y a 2 ans. Je suis vieille d’une vie passée et jeune d’une vie à construire. Peu de personnes peuvent comprendre la difficulté d’en sortir, la douleur et le sacrifice. 

Aimer des gens qui ne peuvent plus vous accepter.  Devoir parler au passé. Ne pas pouvoir appeler sa mère le jour où un homme vous brise le coeur, le jour de son divorce… Tout est au passé.

Dans mes bagages je n’ai pris que mes enfants.

Ils m’auront appris à ne plus avoir peur de rien. C’est un joli bagage.

Voilà 2 ans et demi que n’avais pas été sincère par ici. Censurée par un « secret » beaucoup trop lourd pour moi. Et l’envie naissante de crier à d’autres personnes : vous n’êtes pas seuls… 

Merci à ceux qui ont été là depuis le début pour me donner la main. 

PS: je vous parle souvent de ce que j’ai sacrifié, ce que j’ai vécu… vous pensez souvent à mon divorce. J’ai enfin lâché le morceau !

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Il y a un an je prenais la première des trois décisions les plus difficiles et douloureuses que j’ai eu à prendre. Une année belle et dure à la fois. Tout ne peut pas être raconté sur les réseaux mais cela a impacté toute ma vie et a enclenché les décisions suivantes. Jusqu’à ce que toute ma vie soit alignée, histoire de ne pas avoir sacrifié autant pour rien. Après cette première étape je savais qu’il fallait que je le marque sur ma peau pour ne jamais oublier à quel point le prix était douloureux et que je ne devais jamais gâcher ma vie à partir de ce jour. Alors voilà, me voilà tatouée pour me rappeler chaque matin que je ne me laisserai plus jamais enfermer dans une situation qui ne me convient pas, même sous couvert de l’affecte. Que mes 30 premières années sont passées à une vitesse folle et que les 30 prochaines doivent être précieusement consommées. Là où certains sont assoiffés d’argent, de pouvoir… moi c’est de liberté. Depuis toujours. J’exige de disposer de mon temps comme je le souhaite, de croire en ce ou qui je veux, de suivre le mouvement ou non, de me respecter et de refuser tout ce qui irait à l’encontre de mon épanouissement, d’aimer qui je veux, d’éduquer mes enfants à ma façon, de ne pas rendre de comptes si je ne le juge pas nécessaire… Je me suis faite une promesse, et je m’y tiendrais, peu importe le prix. Je n’irais pas jusqu’à dire que j’ouvre un nouveau livre. Mais c’est un sacré chapitre qui se clôture. Et la suite promet d’être 💥. Ceux qui me connaissent savent à quel point ce premier tatoo me résume bien.

A post shared by Aurélie M. 📍Orléans (@zozo_mum) on Mar 23, 2019 at 11:21am PDT

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